Woody et les Robots
Sleeper
Fiche technique
Mon avis
Ce film compte parmi les premières réalisations de Woody Allen, situé chronologiquement entre Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe… et Guerre et Amour. Une période burlesque à tous crins, au cours de laquelle le réalisateur-scénariste-acteur impose son personnage de gringalet intello, névrosé, hypocondriaque, maladroit, trouillard et incompréhensiblement séducteur. En 1973, ce personnage comique est connu et reconnu ; il ne semble même faire qu’un avec son créateur, puisque le titre de ce film en VF est Woody et les Robots, alors que le « héros » s’appelle Miles Monroe… Bref, nous voici embarqués avec Woody-Miles dans un univers de science-fiction qui lui permet de tirer un trait d’union entre la société des années 1970 et celle qu’il imagine 200 ans plus tard, après quelques dérives. Il y va de son regard satirique pour présenter un monde mécanisé jusqu’à l’absurde, gouverné horriblement, culturellement uniformisé et peuplé de gens hyper stressés, avec des hommes impuissants, des femmes frigides… Heureusement, il y a l’Orgasmastron, irrésistible invention ! Woody Allen y va aussi de son talent pour l’imitation et la parodie, en affichant de multiples influences et références adaptées à sa sauce. Côté littérature : Orwell, Wells… Côté cinéma : clin d’oeil à 2001 – L’Odyssée de l’espace, hommage à Chaplin (Les Temps modernes, Le Dictateur) et au slapstick… Il faut également le voir imiter Vivien Leigh dans Un Tramway nommé Désir, tandis que Diane Keaton se paie Marlon Brando dans Le Parrain.
Le film foisonne ainsi de gags, répliques délirantes et autres idées saugrenues (notamment le clonage du nez du tyran…). Tout cela est enchaîné sur un rythme frénétique. Alors ça part un peu dans tous les sens ; ce n’est pas toujours d’un niveau égal ; la réalisation n’est pas forcément à la hauteur de l’inspiration comique (ça s’arrangera avec le film suivant, Guerre et Amour, plus soigné en la matière). Mais on s’amuse et on rit beaucoup dans cette comédie de SF qui déconcerta le public à l’époque de sa sortie et fut un échec commercial. À redécouvrir, donc.
Frédéric Viaux (film vu le 01/12/1997)