Yannick
Yannick
Fiche technique
Mon avis
Un bon Dupieux. Désarçonnant et amusant, tout en étant d’une noirceur qui a quelques affinités avec celle du Daim. C’est globalement bien écrit et mieux tenu que certaines réalisations précédentes du cinéaste (Au poste, Mandibules, Incroyable mais vrai…). C’est toujours aussi court en durée, mais l’auteur va au bout de son idée de départ (une action transgressive dans une salle de théâtre), sans s’essouffler ni bâcler. Il surprend (comme souvent, assez génialement) avec ce postulat de base, mais aussi avec le développement, sur le fond comme sur la forme : moins conceptuels, moins surréalistes, plus incarnés, plus ancrés dans notre temps. Un renouvellement de palette bienvenu dans une filmographie abondante. Dupieux va chercher une fibre humaine comme il ne l’avait jamais fait, en caractérisant un personnage d’adulte-grand-enfant, sans limite, naïvement en quête de mieux-être et d’amour, et en explorant de manière réussie le registre de la maladresse (qu’elle soit drôle, inquiétante ou touchante). Il caractérise également, à travers ce personnage, la figure du spectateur lambda, rarement évoquée au cinéma. On peut songer à La Rose pourpre du Caire, de Woody Allen. Le réalisateur français aborde cette figure à sa façon, en faisant passer, succinctement mais intelligemment, quelques idées sur le rapport à l’art et au spectacle, sur la considération portée au public… Ce personnage trouve une sacrée incarnation en Raphaël Quenard, qui marque par le trouble et l’émotion qu’il génère. Le reste du casting principal – Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne – est aussi de qualité.
Frédéric Viaux (film vu le 06/08/2023)