Il était une fois en Amérique
Once Upon a Time in America
Fiche technique
Mon avis
Après la conquête de l’Ouest, Sergio Leone continuait à revisiter les mythes américains : l’expansion des villes, la Prohibition, le gangstérisme… Il était une fois en Amérique tient à la fois de la fresque historique, sur une cinquantaine d’années, et de la fresque intimiste, avec ce portrait d’un groupe de copains, ce tableau de leurs unions et désunions.
On retrouve là une quintessence du style du réalisateur et une certaine idée du cinéma, ample et virtuose. Sergio Leone s’est offert une dimension romanesque comme on n’en voit plus beaucoup : étirement de la durée (sur près de 4 heures toujours captivantes), décors monumentaux avec un grand luxe de détails, scénario déployé en allées et venues dans le temps, épaisseur des personnages, richesse et variété de la gamme d’actions, de dialogues et d’émotions… Tout cela embrassé par une mise en scène d’une maîtrise et d’une classe exceptionnelles, par des compositions de plans parfaites, par une lumière et des couleurs sépia superbes. Sans oublier le casting, étoffé et de qualité, au sommet duquel trônent Robert De Niro et James Woods, royaux. Casting qui possède une autre qualité, rare, celle d’une cohérence physique assez confondante entre les acteurs interprétant le même personnage à des âges différents.
Une telle production a été un gouffre financier que l’exploitation en salles – un échec aux États-Unis – n’a pas comblé. À l’époque, le film a été critiqué, notamment, pour l’image qu’il donnait de la communauté juive et pour l’expression de la violence faite aux personnages féminins, dont on peut regretter effectivement la banalisation, même s’il y a ici une banalisation plus large de toute violence, inscrite dans un contexte particulièrement violent. Il était une fois en Amérique n’en a pas moins traversé le temps avec une aura méritée de classique du cinéma. Classique dont il est par ailleurs intéressant d’envisager le sous-texte homosexuel (dans la relation entre les deux personnages principaux) et d’analyser la profonde nostalgie. Nostalgie d’une époque révolue ? Nostalgie d’un certain cinéma en voie de disparition ? Prémices d’un chant du cygne pour le réalisateur ? Leone mourra cinq ans plus tard, en 1989, sans avoir pu faire aboutir un nouveau projet sur le siège de Stalingrad lors de la Seconde Guerre mondiale. Voilà qui fait donc de ce film-opéra son ultime long-métrage et lui confère une certaine valeur crépusculaire et testamentaire.
Musique : Ennio Morricone, évidemment. Et quelle musique…
À noter enfin le premier rôle au cinéma de Jennifer Connelly.
Frédéric Viaux (film vu le 15/04/1995, revu le 11/04/2020)