Illusions perdues
Illusions perdues
Fiche technique
Mon avis
Adaptation partielle de l’épais roman de Balzac, centrée sur la satire sociale en général (lutte des classes, jeux de pouvoir, naissance d’un capitalisme tout-puissant…) et sur la critique de la presse critique, en particulier. Le monde du journalisme et des médias prend cher dans ce tableau au vitriol : univers sans foi ni loi, constitué de « marchands de phrases » et de « trafiquants de mots », qui vendent leur prose fielleuse ou doucereuse au plus offrant, faisant et défaisant les renommées. Un commerce comme un autre, cyniquement populiste. Où le goût de la formule cinglante, de la polémique, l’emporte complètement sur la vérité, la sincérité et le débat d’idées. Toute résonnance contemporaine n’est évidemment pas fortuite. C’est l’axe thématique choisi par Xavier Giannoli. Un peu appuyé peut-être, mais rendu jubilatoire par des dialogues piquants à souhait et servis par un excellent casting. La verve est là. Le souffle romanesque aussi. Les aventures de Lucien de Rubempré, son ascension et sa chute, sont déployées dans un récit au rythme enlevé, par une mise en scène tout en mouvement et en élégance, dans un Paris du 19e siècle fastueusement reconstitué. Une fougue galvanisante le dispute sans cesse à une froideur cruelle dans ce drame de l’arrivisme, qui invite impitoyablement à revenir à soi, à cesser d’espérer pour commencer à vivre. Discours percutant, brillamment illustré.
César 2022 du meilleur film, du meilleur espoir masculin (Benjamin Voisin), du meilleur acteur dans un second rôle (Vincent Lacoste), de la meilleure adaptation, de la meilleure photographie, des meilleurs costumes et des meilleurs décors.
Frédéric Viaux (film vu le 24/10/2021)