Memoria
Memoria
Fiche technique
Mon avis
En quittant la Thaïlande pour tourner en Colombie, Apichatpong Weerasethakul n’a pas laissé derrière lui son cinéma si singulier. Il continue, en d’autres lieux, à creuser son sillon artistique. Mystère, lenteur, contemplation. La première moitié de Memoria est peut-être plus « narrative » qu’à l’accoutumée. Étrange, certes, doucement surréaliste, mais avec un je sais quoi qui capte davantage l’attention. La séquence avec l’ingénieur du son est étonnamment passionnante. On avance dans un récit « façon puzzle ». On n’y comprend pas grand-chose, comme le personnage principal. Mais on avance agréablement. Et le temps semble se diluer. Des tableaux d’une grande beauté statique ont un pouvoir quasi hypnotique. L’aventure sensorielle se double d’une réflexion sur la mémoire. La poésie se conjugue à une forme de méditation métaphysique où l’on se perd encore un peu plus, entre développements extatiques et développements soporifiques, entre rêverie les yeux ouverts et rêverie les yeux fermés. Un bang. Le Big Bang. Des extraterrestres. Pourquoi ? Pourquoi pas ? Le cinéma expérimental du réalisateur thaïlandais est toujours un défi à l’attention constante, mais, dans un registre associant le sibyllin et le zen, c’est assez inouï.
Prix du Jury au festival de Cannes 2021.
Frédéric Viaux (film vu le 03/12/2021)