Le Journal d’une fille perdue
Tagebuch einer Verlorenen
Fiche technique
Mon avis
Quelle histoire… Pabst n’y va pas de main morte en matière de mélo. Mais son film s’avère captivant et assez fascinant, à plus d’un titre. Sur le plan narratif, un sens subtil de l’ellipse donne un impact fort aux nombreux rebondissements et confère un haut pouvoir suggestif au film. Pouvoir suggestif audacieusement mis au service d’un scénario subversif, qui apparaît comme une féroce critique sociale, celle d’une bourgeoisie corrompue et immorale, qui se vautre allègrement dans la luxure, brille par sa cupidité et se révèle prête à toutes les hypocrisies pour conserver sa bonne conscience. Cynique et provocateur, le réalisateur présente, en contrepoint de la maison familiale et du milieu bourgeois, une maison close, tel un refuge, un lieu d’amour et de générosité…
Voilà un message qui n’est pas bien passé dans la société allemande de la fin des années 1920. La censure a frappé, imposant à Pabst un dénouement autre que celui qu’il avait imaginé. Mais le film fit tout de même scandale et fut un échec en salles. Le public n’a pas été sensible à cette charge corrosive aux effets de miroir, à cette façon qu’a le réalisateur de tricoter son mélodrame social avec les aiguilles de la sexualité et quelques motifs psychanalytiques. Dommage… Dommage aussi pour Louise Brooks qui, un an après le tournage de Loulou, donnait ici une nouvelle expression de son charme rebelle et de son magnétisme naturel.
Frédéric Viaux (film vu le 08/07/2006)