Casablanca
Casablanca
Fiche technique
Mon avis
Un grand classique. La grande classe. Élégance glamour ou piquante du casting, réalisation précise, montage rythmé… Tout cela sous influence européenne : la majeure partie du casting, à l’exception de trois acteurs américains, est composée d’Européens en exil, tandis que le réalisateur Michael Curtiz, d’origine hongroise, porte en lui un certain héritage expressionniste en matière stylistique. Autre grand atout du film : ses dialogues, vifs, pleins d’esprit, souvent laconiques et ironiques. Et puis il y a l’histoire, bien sûr, qui tient à la fois du film de propagande contre le nazisme, de la comédie politique épinglant les ambiguïtés des autorités françaises en zone dite libre, du film d’amour (contrarié) et du film à suspense. Un mélange de genres traité d’une manière enlevée, qui jongle habilement entre cynisme, romantisme et idéalisme, dans un cadre exotique à la Sternberg (Morocco). Tout n’y est pas parfait (avec un peu d’artificialité dans l’histoire d’amour entre les personnages d’Humphrey Bogart et d’Ingrid Bergman), mais le charme caustique de l’ensemble fonctionne pleinement.
Aujourd’hui, le film est globalement encensé et considéré comme le chef-d’œuvre de Michael Curtiz ; sa chanson phare (As Time Goes By) et certaines répliques (dont « Play it again, Sam », pourtant jamais prononcée telle que dans le film !) sont cultes. Mais à l’époque de son tournage, personne n’attendait beaucoup de ce projet. Le scénario s’écrivait au jour le jour ; la relation était tendue entre Humphrey Bogart et Michael Curtiz que l’on disait particulièrement autoritaire. Curtiz qui enchaînait les tournages de manière stakhanoviste pour la Warner, passant d’un genre à l’autre, et considéré davantage comme un bon faiseur que comme un créateur (voir sa filmographie pléthorique et éclectique). À sa sortie, le film reçut un accueil critique mitigé aux États-Unis et mauvais en France (on lui reprocha des invraisemblances historico-politiques). Mais le succès public fut immédiat. Il marqua par ailleurs un tournant dans la carrière d’Humphrey Bogart, jusque-là abonné aux polars-thrillers. Son rôle de héros romantique (et figure de « rebelle malgré lui », récurrente dans les films de Michael Curtiz, avec lequel il a tourné sept fois) lui donna un statut de star polyvalente et une aura internationale.
Oscar 1943 du meilleur film, de la meilleure réalisation et du meilleur scénario (adapté d’une pièce de théâtre de M. Burnett et J. Alison, « Everybody comes to Rick’s »). Musique : Max Steiner.
Frédéric Viaux (film vu le 28/09/1994, revu le 06/10/2024)