Arco
Arco
Fiche technique
Mon avis
Plutôt classique au niveau graphique, Arco affiche un grand luxe de décors et de détails, avec des couleurs souvent pop. Il se pose par ailleurs sous l’influence générale de Miyazaki (jusque dans la BO, ample et lyrique). Mais le film a son originalité propre. L’originalité d’un scénario d’anticipation sur deux niveaux, deux époques : 2075 et un futur plus éloigné, indéterminé. L’auteur, Ugo Bienvenu, a ainsi imaginé deux strates de l’avenir, sous un angle assez inédit, qui n’est ni vraiment dystopique ni manichéen, contrairement à nombre de films d’anticipation. Cet angle n’est pas idyllique non plus, présentant l’épuisement des terres nourricières, les catastrophes climatiques et une déshumanisation des rapports humains. Toutefois, la vision de 2075 montre que l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle peuvent faire relativement bon ménage, tandis que la vision de l’époque la plus lointaine est nourrie par une inspiration plus rétrofuturiste, autour d’une nature en partie recrée. Au-delà de cette positivité (portée par le monde de l’enfance), on apprécie l’intelligence de cette construction imaginaire, le côté “bien senti”, potentiellement réaliste, des idées sur l’avenir. Tout cela étant traduit simplement, sans esbroufe. On apprécie également la sobriété de ton de ce récit d’enfance et d’amitié, jamais mièvre, émouvant dans son dénouement, avec une surprise finale, belle et amère. La veine émotionnelle trouve, chemin faisant, un contrepoint burlesque dans les tribulations de trois Pieds nickelés hauts en couleurs, auxquels Vincent Macaigne, Louis Garrel et Wiiliam Lebghil prêtent leur voix en VF, de manière amusante. On apprécie enfin la progression dramatique, riche en aventures et parfaitement orchestrée dans ses connexions logiques. Un ensemble très joliment abouti, donc.
Cristal du long-métrage au festival d’Annecy 2025. Coproductrice : Natalie Portman.
Frédéric Viaux (film vu le 26/10/2025)