Dune – Première partie
Dune
Fiche technique
Mon avis
Avec Blade Runner 2049, Denis Villeneuve avait déjà prouvé qu’il pouvait relever des défis majeurs en matière de SF au cinéma. Avec Dune, il se montre de nouveau à la hauteur. Son adaptation partielle du tome 1 de l’œuvre de Frank Herbert est à la fois intelligente et belle, bien équilibrée entre scènes intimistes et actions spectaculaires. Et beaucoup plus cohérente et lisible dramatiquement que la version de David Lynch, intéressante par ailleurs mais trop dense et brouillonne narrativement. Pour éviter l’écueil scénaristique du trop-plein, la bonne idée a été de n’adapter qu’une moitié du tome 1 du livre, permettant ainsi de mieux poser l’intrigue et les personnages. Villeneuve est resté très fidèle au texte, avec de menues variantes qui lui permettent d’accentuer quelques résonnances contemporaines, notamment sur la place sociale des femmes, le respect de l’environnement, la guerre et le traitement des populations locales… C’est toujours discret et bien senti. Côté esthétique, c’est du bel ouvrage : les gros moyens visuels, en termes d’effets spéciaux, ne saturent pas l’image ni n’étouffent le récit. La réalisation et la photo, attentives à l’aspect sensoriel, sont superbes, et même grâcieuses parfois. Les décors sont à la fois impressionnants et épurés, les costumes soignés. Et les clins-œil cinématographiques (au personnage de Brando dans Apocalypse Now), littéraires (au Petit Prince de Saint-Exupéry), picturales (à la Mort de Marat, de David)… sont de bon goût. L’ensemble du casting est par ailleurs sobrement impeccable. Alors évidemment, si on veut jouer les puristes, on pourra regretter que la dimension politique soit un peu sacrifiée au profit de la dimension romanesque, des questions filiales, de la préscience… On peut aussi le comprendre dans le cadre d’un blockbuster US. Et si l’on s’attendait à une vision très personnelle du roman, on pourra probablement trouver l’ensemble trop propre et trop sage. Mais la qualité est là, partout, indéniable. Quant aux thématiques annoncées pour la suite (amoureuses, religieuses, guerrières…), elles donnent fortement envie, en laissant espérer un crescendo émotionnel dont on a ici les prémices.
Oscar 2022 du meilleur montage, de la meilleure musique originale (Hans Zimmer), du meilleur son et des meilleurs décors.
Frédéric Viaux (film vu le 20/09/2021)