Frankenweenie
Frankenweenie
Fiche technique
Mon avis
En réalisant cet autoremake étoffé du court-métrage éponyme qu’il a tourné en 1984, Tim Burton revient à ses inspirations de jeunesse, avec le savoir-faire et les moyens d’un cinéaste accompli. Il redonne vie, en outre, à son projet initial qui consistait à faire un long-métrage d’animation. Jugé trop coûteux et probablement trop risqué à l’époque, le projet avait été réduit à un court-métrage en prises de vue réelles, très réussi par ailleurs. Ce petit film reprenait et détournait, en pur pastiche, les scènes clés du Frankenstein de James Whale, que Tim Burton a toujours adoré. Dans la version longue et animée (encore en noir et blanc, au grand dam de Disney), le réalisateur réutilise ces éléments de pastiche (l’expérience avec la foudre, l’incendie final dans le moulin…), recrée l’introduction (la projection du film tourné par Victor) et la conclusion du court-métrage, mais ajoute évidemment beaucoup de matière nouvelle. Si cette matière n’a plus de rapport direct avec l’œuvre de James Whale, elle n’en est pas moins très référencée. Burton invente des personnages et des créatures dont le physique et le nom sont des clins d’œil à des classiques de la littérature et du cinéma (Elsa Van Helsing, Edgar E. Gore, quelques monstres dont une tortue-godzilla…), ainsi qu’à ses propres créations passées (la « fille bizarre », issue de son recueil de nouvelles, La Triste Fin du petit enfant huître). Sur le plan stylistique, le noir et blanc contrasté est un hommage à l’expressionnisme, tandis que le « look » des personnages et la technique d’animation (stop-motion) rappellent fortement Les Noces funèbres ou L’Étrange Noël de M. Jack.
Bien écrit et assaisonné d’un humour noir, macabre voire gore (donc pas forcément destiné aux enfants les plus sensibles), bien fait techniquement, bien rythmé, ce nouveau Frankenweenie prend la forme d’un recyclage habile et plaisant de thèmes classiques et d’obsessions burtoniennes. Le film fonctionne bien ; on l’apprécie, même si l’on peut avoir une petite préférence pour le court-métrage d’origine, certes moins riche, mais plus simple, plus frais, et qui bénéficiait d’un effet de surprise. De la surprise, il y en a moins, ces dernières années, dans les films du réalisateur, lequel tourne un peu en rond, peinant à ressusciter l’originalité et l’émerveillement des premiers temps, un manque qu’il compense hélas par un poil de surenchère dans les actions et les effets. Ça n’enlève rien à la qualité de l’ensemble, mais on aimerait voir la créativité de Burton s’engager dans des voies nouvelles.
Musique : Danny Elfman.
Frédéric Viaux (film vu le 10/11/2012)