Hugo Cabret
Hugo
Fiche technique
Mon avis
On n’imaginait pas forcément Martin Scorsese adapter un roman pour la jeunesse (en l’occurrence, ici, L’Invention d’Hugo Cabret, de Brian Selznick). Loin des univers mafieux, des intrigues violentes, des personnages au bord de la folie, le réalisateur nous plonge dans un conte et signe tout de même une œuvre personnelle. Il s’est visiblement reconnu dans le personnage principal, gamin solitaire, inventif et sensible à la magie du cinéma. En rendant hommage à Georges Méliès, l’inventeur du « cinéma d’art », Scorsese trouve aussi un écho à son engagement pour la conservation et la restauration des films anciens. Avec sa mise en abyme, ses clins d’œil cinéphiliques, le film témoigne de sa passion pour le septième art. Et c’est assez communicatif. Côté aventure, le réalisateur fait parler le métier et profite d’un budget colossal lui permettant notamment de tourner en 3D. Le début, qui présente l’action et le cadre de l’histoire, est une merveille de fluidité ; la mécanique narrative est ensuite bien huilée ; les décors et les costumes s’avèrent très beaux ; les couleurs sont soignées ; la musique d’Howard Shore est parfaitement adaptée. Pourtant, toutes ces belles intentions et qualités artistiques ne font pas forcément un grand film. Tout y est peut-être trop lisse et propret, façon image d’Épinal ; un peu trop appuyé (le jeu des acteurs, surtout des enfants et de Ben Kingsley) ; un peu trop sentimental aussi. Il manque quelques « accidents » et une « âme forte » pour dépasser le stade du bel ouvrage appliqué. Par ailleurs, à force de chercher l’équilibre entre film d’aventure pour enfants et film pour adultes cinéphiles, cet Hugo Cabret laisse un peu sur sa faim dans l’un et l’autre domaine. Malgré ces bémols, l’ensemble demeure honnête et plaisant, toujours plus intéressant que bien des contes hollywoodiens formatés.
Oscar 2012 : meilleure photographie, meilleurs décors, meilleur montage son, meilleur mixage, meilleurs effets spéciaux. Parmi les coproducteurs : Johnny Depp.
Frédéric Viaux (film vu le 22/12/2011)