Julie (en 12 chapitres)
Verdens verste menneske
Fiche technique
Mon avis
Dans Oslo 31 août, Joachim Trier avait su capter la désespérance d’un jeune homme (interprété par l’excellent Anders Danielsen Lie que l’on retrouve ici) avec une intelligence et une sensibilité douces-amères, mélancoliques. On retrouve cette finesse d’approche, une touche d’humour en plus, dans ce film qui regarde les trentenaires et quarantenaires, aujourd’hui, dans une frange relativement aisée de la société norvégienne. Regard largement transposable à d’autres sociétés. Au gré de situations et de dialogues qui sonnent toujours juste, le réalisateur croque la contemporanéité de ses personnages avec un mélange savoureux d’ironie caustique, d’empathie, et un certain sens de la poésie du quotidien : délicatement lyrique, joliment inventif, charmant et cru (la rencontre lors de la fête de mariage, l’arrêt du temps…). Il interroge, de manière fluide et sans didactisme, les notions d’amour, de couple, de procréation et de famille, mais aussi celles de travail, d’art et de culture, en passant par quelques considérations sur le militantisme féministe ou écologique… Cela donne un bon tableau social et un beau film générationnel, tout en nuances, comme l’est le portrait du personnage féminin central. Personnage saisi dans ses forces et ses faiblesses, dans ses joies et ses tourments. Julie est une jeune femme tout en fraîcheur et en spontanéité. D’une énergie radieuse. Mais insatisfaite et versatile. En manque de confiance et de reconnaissance. Mais capable de franchir les crises et de rebondir. Renate Reinsve (Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes 2021) incarne ce personnage avec un naturel désarmant, subtilité et force, et apparaît aussi à l’aise dans le registre plutôt léger du début que dans le registre grave et bouleversant de la fin. Le pouvoir de séduction du film lui doit beaucoup.
Frédéric Viaux (film vu le 15/10/2021)