L’Adieu aux armes / L’Adieu au drapeau
A Farewell to Arms
Fiche technique
Mon avis
On est moins chez Hemingway que chez Borzage… Dans cette adaptation du roman éponyme de l’écrivain, seule la trame a été plus ou moins respectée. Pas le style sobre et dépouillé. Le cinéaste a arrangé le scénario selon les canons hollywoodiens de l’époque, tout en le cuisinant à sa sauce. On retrouve ainsi beaucoup d’éléments propres à son univers dans cette histoire d’amour empêchée, qui transcende le quotidien, les conventions, l’honneur militaire et même la mort. Tout cela exprimé avec un grand lyrisme mélodramatique. Dans le genre, c’est plutôt joliment réalisé et photographié. Côté interprétation, Gary Cooper peut toucher la corde sensible dans un rôle sur mesure ; Helen Hayes aussi, même si elle minaude beaucoup ; et Adolphe Menjou convainc en anglais, même s’il n’a pas vraiment l’accent italien de son personnage… Après, c’est affaire de goût et de tolérance. On peut rester un peu bloqué sur la dénaturation du roman et trouver qu’il y a trop de halos romantiques et d’effets pathétiques pour laisser filtrer une vraie émotion. Notamment à la fin du film, apothéose larmoyante sur fond de lâché de colombes. Bref, une artillerie trop lourde pour ce récit de guerre qui n’en est plus vraiment un, le mélodrame amoureux (avec ses histoires de grossesse compliquée et de lettres cachées) prenant largement le pas sur le tableau de 14-18. Borzage avait beau considérer ce film comme son meilleur, il est possible de lui préférer largement Trois Camarades, mélo plus tenu et plus ancré socialement (dans l’Allemagne d’après-Première Guerre mondiale, avec la montée du nazisme).
À noter qu’initialement, L’Adieu aux armes a été exploité en France sous le titre L’Adieu au drapeau, et que deux dénouements ont été proposés aux exploitants, l’un heureux, l’autre malheureux. Par ailleurs, une autre adaptation du roman d’Ernest Hemingway a été tournée en 1957 par Charles Vidor, avec Rock Hudson et Jennifer Jones.
Frédéric Viaux (film vu le 18/02/2014)