La Femme de Tchaïkovski

Zhena Chaikovskogo

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
La Femme de Tchaïkovski
Titre en VO
Zhena Chaikovskogo
Année (copyright)
2022
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Kirill Serebrennikov, Acteurs, Alyona Mikhailova, Odin Lund Biron, Vladimir Mishukov, Natalya Pavlenkova, Ekaterina Ermishina, Gurgen Tsaturyan, Varvara Shmykova
Genre(s)
Drame, Biographie
Thématiques
Musique et musiciens, Obsessions, Demandes en mariage, Couples en crise, Amours gays, Demandes en divorce, Décadence, Regards sur la Russie, Films de 2022
Pays de production
Russie,  France,  Suisse
Durée
2 h 25 min
Résumé
Russie, début des années 1870. Antonina Miliukova tombe amoureuse du compositeur Piotr Tchaïkovski, rencontré lors d'un rendez-vous mondain, et lui déclare sa flamme. D'abord réticent, Tchaïkovski finit par envisager leur union, indiquant cependant à la jeune femme qu'il ne pourra éprouver de passion pour elle et qu'elle devra le considérer comme un frère. Tout à son amour et à son idolâtrie, Antonina n'entend pas ces avertissements et s'engage dans une voie conjugale tourmentée.
IMDB

Mon avis

Inspiré de la véritable histoire du couple Tchaïkovski, et plus spécifiquement de la vie de celle qui fut officiellement l’épouse du compositeur, Antonina Miliukova, ce drame-biopic est un récit sombrement décadent, autour d’un personnage féminin complexe. Il est question de l’amour unilatéral d’une femme pour un homme, d’un amour fou et aveugle, d’une obsession et d’une obstination, de frustrations et d’humiliations, mais aussi d’une résistance féminine en point d’honneur, d’un attachement jusqu’au-boutiste au sens d’une vie. Et le sens de la vie du personnage d’Antonina, c’est d’être la femme de Tchaïkovski. Et de le rester. Envers et contre tout. Contre l’autre, l’aimé qui ne l’aime pas. Contre les autres – la société. Contre la raison qui inviterait soit à se satisfaire d’un mariage de façade, soit à accepter un divorce bien négocié. Mais le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point… Un cœur féminin ambivalent. L’ambivalence est ici exprimée en multiples facettes de personnalité, suscitant tour à tour distance et empathie. Femme vampire et femme bafouée. Femme libre et femme aliénée…

Pour embrasser cette histoire, Kirill Serebrennikov s’appuie sur une actrice qui donne tout de sa personne (Alyona Mikhailova), sur un scénario précis, attentif aux détails symboliques et traversé d’embardées imaginaires, sur une conception stylistique qui allie élégance classique et inspiration moderne, avec quelque chose d’à la fois très pictural et très chorégraphié, et comme emballé avec une fièvre froide. Une fièvre qui jubile et se dégoûte, face à ce qui compose et se décompose. La mise en scène et la réalisation sont d’une grande fluidité, d’un espace à un autre, d’une temporalité à une autre. Si certains mouvements-ballets détonent et peut-être dénotent, si la fibre homoérotique est peut-être appuyée, si le drame n’atteint peut-être pas des sommets d’émotion, l’ensemble, superbement photographié par ailleurs, est d’une belle puissance délétère. La Femme de Tchaïkovski trouve sa place, thématiquement, qualitativement, auprès de L’Histoire d’Adèle H et de Vincere.

Frédéric Viaux (film vu le 16/02/2023)

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