La Légende du roi Crabe
Re Granchio
Fiche technique
Mon avis
On passe d’une chronique rurale italienne, à la manière des frères Taviani (Padre Padrone), à une aventure à l’autre bout du monde, quête un peu folle d’un hypothétique trésor, qui fait songer au cinéma de Werner Herzog (Aguirre). Entre-temps, on aura pensé aussi au titre d’un film d’Ermanno Olmi, La Légende du saint buveur. De bonnes références pour ce long-métrage à la fois déconcertant et fascinant, qui commence par décortiquer le phénomène de la tradition orale, de la naissance, de la transformation et de l’amplification d’histoires que l’on se raconte de génération en génération, avant de laisser filer le récit, entre réalisme et développements plus ou moins imaginaires. La narration est erratique ; les deux parties de l’histoire, bien distinctes, rendent le film un peu bancal. Mais l’ensemble possède une beauté mystérieuse assez singulière. Il y a d’abord le grain de l’image (le film a été tourné avec pellicule et non en numérique). Jolie âpreté. Il y a ensuite la réalisation et sa science de la composition des plans. Réalisation qui exploite parfaitement des décors superbes, en Italie et surtout en Terre de feu : hallucinant paysage lunaire. On gardera en mémoire l’image d’un prêtre débraillé, titubant sur le flanc d’une montagne de pierres, seul au monde. Il y a enfin l’acteur principal, Gabriele Silli, barbe hirsute et regard bleu. Une vraie tronche de cinéma.
Frédéric Viaux (film vu le 25/02/2022)