Loin du paradis
Far from Heaven
Fiche technique
Mon avis
Todd Haynes marche dans les pas de Douglas Sirk en signant ce mélodrame qui dépasse largement le simple hommage pour atteindre une quintessence du genre. D’un point de vue formel : réalisation sur du velours, flamboyance automnale des couleurs, décors et costumes d’une élégance folle, luxe de détails dans la reconstitution d’époque, belle musique lyrique, direction d’acteurs impeccable et interprétation exceptionnelle (Julianne Moore en tête, tout en sourires extérieurs et tourments intérieurs). L’ensemble est d’une sophistication somptueuse – raffinement ultime des codes esthétiques du genre – sans se réduire heureusement à un pur exercice de style. Sur le fond : au-delà du récit d’un amour impossible, motif classique et incontournable, au demeurant ici particulièrement émouvant, c’est tout le vernis social du « rêve américain » que le cinéaste s’applique habilement à effriter pour faire apparaître les monstres cachés derrière les rideaux feutrés. Monstres du puritanisme, des préjugés. Monstres d’une ségrégation sociale, raciale et sexuelle. L’enfer derrière le paradis, dépeint avec une intelligence sans esbroufe, avec une délicatesse qui magnifie les accents douloureux et cruels de l’histoire.
Prix d’interprétation féminine au festival de Venise 2002 pour Julianne Moore. Musique : Elmer Bernstein. Producteurs exécutifs : Steven Soderbergh, George Clooney.
Frédéric Viaux (film vu le 13/03/2003, revu le 12/08/2022)