Mud – Sur les rives du Mississippi
Mud
Fiche technique
Mon avis
C’est le troisième long-métrage de Jeff Nichols, après Shotgun Stories et Take Shelter. Moins métaphorique, moins mystérieux, moins puissant que Take Shelter, Mud est d’une facture plus classique. Mais d’une belle facture. Le film offre d’abord le plaisir d’un environnement singulier : paysages d’eau, d’arbres et de sable ; maisons de bric, de broc et de taule, au bord de l’eau ou sur pilotis ; population de pêcheurs, de plongeurs, de solitaires coupés du monde… Bref, un environnement chargé d’un imaginaire romanesque tout imprégné de la littérature de Mark Twain, avec deux jeunes héros qui font penser à Tom Sawyer et Huckleberry Finn. Jeff Nichols brode une intrigue qui prend la forme d’un roman d’apprentissage, où il est question d’aventure et d’amour impossible, en adoptant le regard naïf et tendre des deux garçons, et plus particulièrement de l’un des deux, joué par Tye Sheridan (The Tree of Life). Il raconte tout cela de façon très coulante, très berçante, au rythme lent du fleuve qui couve ses secrets. C’est souvent très beau. Le film aurait peut-être gagné en caractère et en force si le réalisateur avait adopté un style plus âpre et rugueux, s’il avait aussi réduit la fibre sentimentale, assez convenue. Mais il y a là une douceur et un lyrisme très agréables. Il y a surtout le personnage de Mud, séduisant et touchant, campé par un Matthew McConaughey parfait, qui trouve là le meilleur rôle de sa carrière, solaire et sauvage, beau sans être lisse, d’une violence et d’une folie contenues. En matière d’interprétation, Sam Shepard impose quant à lui une forte présence brute, tandis que Ray McKinnon et Sarah Paulson, dans les rôles des parents d’Ellis, la jouent sobre et juste. Voilà qui fait la belle facture du film. Un film qui aurait pu prendre une autre dimension à la fin, plus mystérieuse, plus trouble, si le sort de Mud n’avait pas été révélé, si les eaux du fleuve avaient gardé leur opacité…
Frédéric Viaux (film vu le 01/05/2013)