Un héros
Ghahreman
Fiche technique
Mon avis
Après une « aventure espagnole » moyennement convaincante (Everybody Knows), Asghar Farhadi est donc revenu au pays pour ce film où il fait montre, à nouveau, de toutes ses qualités. Avec maîtrise et intensité. Sans beaucoup surprendre, peut-être. Mais sans forcer le trait, sans sombrer dans le mélodrame, comme dans Everybody Knows. La mécanique narrative est parfaitement huilée autour d’un personnage central aussi simple que naïf, objet de manipulations, embourbé dans des mensonges et s’enfonçant davantage à mesure qu’il essaie de trouver des solutions. Dans cet engrenage inextricable et oppressant, élaboré par un scénario et une mise en scène d’une belle précision, Farhadi s’approche plus que jamais d’un naturalisme à la Zola (avec un côté désespérant à la clé), adapté au contexte iranien et à la communication moderne. Comme souvent dans les films du cinéaste, il est question de cas de conscience, d’enjeux moraux et d’honneur. Plus nouveaux sont les leviers dramatiques qui servent à activer ces thématiques : les médias, les réseaux sociaux, qui tournent et retournent les opinions, font et défont les réputations, au gré des utilisations opportunistes. La réflexion critique sur ce jeu médiatique et la mécanique des foules, où tout le monde en prend pour son grade, donne à ce thriller social et intime une forte contemporanéité.
Grand Prix au festival de Cannes 2021.
Frédéric Viaux (film vu le 24/12/2021)