Zatoichi

Mon avis

Takeshi Kitano s’est approprié une célèbre figure héroïque du Japon, Zatoichi, justicier errant, aveugle et fine lame, qui a fait l’objet de nombreuses fictions au cinéma et à la télévision. Devant et derrière la caméra, il revisite le personnage à sa façon, mi-sérieuse, mi-burlesque. Ce film s’inscrit ainsi à la fois dans un genre, le wu xia pian (film de sabre et d’art martiaux), et dans le cinéma de Kitano, pétri de violence et d’humour décalé, à froid. Très libre dans sa conception dramatique, le réalisateur éclate son récit qu’il truffe de combats joliment chorégraphiés et bien saignants, de scènes plus mélodramatiques (autour de l’histoire des deux geishas) et de touches excentriques très dansantes (les paysans qui font des claquettes dans un champ, le show musical final…). Le tout ponctué par une drôle de considération nihiliste. Voilà qui est éclectique. Voilà qui est aussi vaguement déroutant. Sur le fond, Zatoichi est certainement plus léger que la plupart des œuvres de Kitano. Mais en tant qu’exercice de style, il se regarde avec curiosité et amusement.

Kitano a obtenu avec ce film le Lion d’argent du meilleur réalisateur au festival de Venise 2003 et son plus grand succès public au Japon.

Frédéric Viaux (film vu le 04/03/2014)