Drive My Car
Doraibu mai kâ
Fiche technique
Mon avis
L’amour et la fidélité, le deuil et la culpabilité, la difficile voire impossible compréhension de l’autre, l’introspection et l’ouverture, l’art et la vie… Grande richesse thématique pour ce nouveau film de Ryusuke Hamaguchi (Senses, Asako…). On y retrouve avec plaisir la patte du réalisateur : douceur et finesse, exploration précise – sur un temps long permettant la subtilité et la profondeur – de la psyché et des émotions des personnages, de leurs relations… On y retrouve aussi, avec non moins de plaisir, le style de l’écrivain Haruki Murakami (dont une nouvelle a donné la matière première du film) : foisonnement imaginaire et romanesque, goût du mystère, plaisir de le sonder… Il y a ici quatre personnages principaux, donnant lieu à quatre beaux portraits nourris de récits qui se croisent, quatre histoires principales – porteuses d’autres histoires plus petites – qui sont confrontées par ailleurs au drame d’Oncle Vania, la pièce de Tchekhov, dont la mise en scène s’élabore au cours du film, en fil rouge. Plusieurs fils narratifs s’entremêlent, donc, pour un scénario-canevas intelligemment tissé où chaque motif fait sens à plusieurs niveaux dans un jeu de mise en abyme, de miroir ou de transfert entre les personnages et les multiples histoires. Ce film, au-delà de ses problématiques humaines, est ainsi un vibrant hommage à l’art de raconter – raconter la réalité, raconter des fictions – pour mieux appréhender la vie, vivre avec son passé, s’inscrire au présent, se projeter dans l’avenir. On parle donc beaucoup dans ce film. Et souvent à bord d’une voiture, véhicule d’expression et d’empathie, dont les différents trajets épousent symboliquement les différentes trajectoires de vie des personnages. Ce road-movie comporte quelques scènes mémorables en termes de réflexion et d’émotion, d’étrangeté et de grâce, magnifiquement limpides, faisant oublier quelques petites longueurs. Parmi les pépites du scénario : le rapprochement savoureux entre orgasme et inspiration créatrice…
Festival de Cannes 2021 : Prix du scénario, Prix du jury œcuménique, Prix Fipresci (presse internationale). Oscar 2022 du meilleur film international.
Frédéric Viaux (film vu le 25/08/2021)
Très impressionnant, comme un delta de sens.
Et comme certains films, des images indélébiles…
Simples et multiples.
Le plaisir vaste et serré de suivre trois heures des personnages tout en retenue, tout en écoute… Et de toucher le flot, le courant peut-être qui traverse leur vie.
Les voix ne se brisent pas, elles explorent, elles façonnent ensemble.
Et quel paysage théâtral que cette interprétation « muette » de passages d’Oncle Vania… On ne plus parlante car ouverte aux mots, à l’autre, au partenaire.
Une voix dans le cinéma qui va infuser mes rêveries.