Le Dernier Duel

The Last Duel

  • La piste aux étoiles

Fiche technique

Titre en VF
Le Dernier Duel
Titre en VO
The Last Duel
Année (copyright)
2021
Réalisateur(s) et acteurs principaux
Réalisateur Ridley Scott, Acteurs, Matt Damon, Adam Driver, Jodie Comer, Ben Affleck, Harriet Walter, Alex Lawther, Marton Csokas, Tallulah Haddon, Nathaniel Parker, Adam Nagaitis
Genre(s)
Drame, Histoire
Thématiques
Moyen Âge, Paris, Châteaux, En avoir ou pas (des enfants), Violences sexuelles, Procès, Pouvoir politique, Récits croisés, Films de 2021
Pays de production
États-Unis,  Royaume-Uni
Durée
2 h 35 min
Résumé
France, 14e siècle. La guerre de Cent Ans. Jean de Carrouges et Jacques Le Gris guerroient vaillamment ensemble, au nom du roi. À une échelle plus locale, autour de Paris, les fiefs des deux hommes sont sous l'autorité du comte Pierre d'Alençon qui méprise Jean et apprécie Jacques, défavorisant injustement le premier au profit du second. L'amitié entre les deux chevaliers en prend ombrage et finit de se déliter le jour où dame Marguerite, l'épouse de Jean, accuse Jacques de l'avoir violée durant une absence de son mari. Un procès s'ouvre. Trois versions des faits sont exposées (celles de Jean, de Jacques et de Marguerite) puis départagées par un duel judiciaire, ou "jugement de Dieu".
IMDB

Mon avis

Ce film trouve bien sa place dans la carrière de Ridley Scott : en écho à son premier long-métrage, Les Duellistes, pour le motif du duel ; dans le sillon médiéval de Robin des Bois ; et dans une série de portraits de femmes fortes, depuis celui de Ripley dans Alien, en passant par ceux de Thelma et Louise, ou encore celui de Marianne, la compagne de Robin des Bois. C’est même probablement le plus féministe des films du réalisateur, centré sur les notions de viol et de consentement, qui trouvent évidemment des résonnances actuelles. Sous ses faux airs de film d’action viril, Le Dernier Duel est en fait un vrai drame social sur la place de la femme dans un contexte de domination masculine, femme-objet servant soit à assurer la descendance, soit à assouvir désirs et pulsions. Le personnage de dame Marguerite, ici, fait entendre une voix qui rompt avec une culture silencieuse du viol et cherche à faire entendre justice, même s’il faut pour cela s’en remettre au caractère aléatoire d’un combat de coqs en armures, traduction terrestre d’un jugement soi-disant divin. Ce drame social se structure « à la Rashômon », c’est-à-dire en trois versions des mêmes faits selon trois points de vue différents (ceux des personnages principaux). Là est la principale qualité du film : dans les variations entre ces versions, dans les subtilités, dans les nuances, que ce soit en termes de récit ou d’interprétation. Il faut souligner la finesse de scénario (auquel ont contribué notamment Matt Damon et Ben Affleck) et la finesse des acteurs. Ces trois volets narratifs font oublier le début de l’histoire – un peu brouillon sur le plan politique, un peu bizarre dans la coexistence de dialogues en anglais et de chants en français – et sa fin, attendue. Dans cette introduction et cette conclusion, Ridley Scott fait parler le métier, pour la forme, de manière tranchante et saignante. Mais on retiendra surtout, esthétiquement, la belle opposition entre des extérieurs d’une froideur d’hiver et d’acier (notamment de saisissants tableaux du Paris médiéval autour de Notre-Dame en construction), et des intérieurs joliment éclairés au feu de cheminée ou à la bougie. Au final, l’intelligence du dispositif narratif et la maîtrise formelle classique l’emportent sur l’émotion mais convainquent pleinement.

Frédéric Viaux (film vu le 19/10/2021)

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