Les Banshees d’Inisherin
The Banshees of Inisherin
Fiche technique
Mon avis
Tout d’abord, quelques précisions sur le titre : les banshees désignent des créatures de la mythologie celtique irlandaise, qui annoncent une mort imminente ; Inisherin est, dans le film, le nom d’une île irlandaise qui n’existe pas dans la réalité.
Maintenant, le film à proprement parler. Tout commence très bien. Le postulat de départ du scénario est original et titillant : une rupture amicale unilatérale, aux conséquences à la fois drôles, pathétiques et vaguement inquiétantes. La suite va se déployer dans ce registre tragi-comique, tout en ruptures de ton. Où vont se côtoyer cruauté et tendresse, jusqu’à ce que plusieurs coups de folie fassent basculer le film dans l’absurde, bien noir. Il est question de vide existentiel et de solitude. Et d’incommunicabilité autour de deux philosophies de vie qui s’opposent radicalement (la vie, c’est boire une bonne bière dans un pub avec un bon copain, pour le personnage de Pádraic ; la vie, c’est essayer de laisser une trace dans ce monde, par la création musicale, pour le personnage de Colm). Il est aussi question de mutilation et de vengeance sur le versant le plus déroutant de l’histoire. Porté par de bons acteurs et une belle photo, le film est réjouissant jusqu’à ce qu’il se mette à tourner un peu en boucle. Ça mouline en laissant au final une impression assez vaine. L’ensemble n’est pas exempt de faille logique dans le déroulé narratif et n’est pas toujours limpide dans ses tenants et aboutissants. L’affrontement entre les deux anciens amis est-il une métaphore de la guerre civile qui ravage l’Irlande à la même époque (le début des années 1920) ? Comment comprendre les derniers dialogues ?
Festival de Venise 2022 : Prix du meilleur scénario et de la meilleure interprétation masculine (Colin Farrell).
Frédéric Viaux (film vu le 06/01/2023)