Les Choses de la vie
Les Choses de la vie
Fiche technique
Mon avis
Après avoir réalisé Classes tous risques (1960) et L’Arme à gauche (1964), deux « films de genre », entre polar et action, Claude Sautet changeait de cap et de ton avec ces Choses de la vie, peinture fine des sentiments, évocation sensible de la fragilité de l’existence… Changement réussi. Ce fut son premier grand succès public et critique. Et ça reste l’un de ses plus beaux films, si ce n’est le plus beau. Tout part d’un accident de la route, filmé sous plusieurs angles, montré au ralenti, en marche avant ou en marche arrière pour lancer une série de flash-back. Un accident qui revient en leitmotiv au cours d’un récit de vie qui se construit façon puzzle, par morceaux. Mise en scène et montage sont accordés pour une merveille de narration, parfaite transposition à l’écran d’un roman de Paul Guimard (qui a d’ailleurs participé à l’écriture du scénario avec Claude Sautet et Jean-Loup Dabadie). Sur le fond, le titre ne ment pas : ce sont les choses de la vie, dans ce qu’elles peuvent avoir de banales et de tragiques. Un couple en crise : lui, velléitaire et fuyant ; elle, fatiguée de l’aimer. Lui, qui hésite entre deux histoires d’amour, entre deux histoires tout court, entre passé et présent. Un carrefour de routes, un carrefour de vies. Un accident. Pas de développement psychologisant ici. Mais de la concision, de la simplicité, pour une subtilité remarquable. Le traitement de ce sujet classique sonne infiniment juste et touche au plus profond. Tout est dit en peu de mots, peu d’images. Une lettre manuscrite suffit à condenser des enjeux sentimentaux. Quelques « visions » (la scène du banquet, celle du bateau) annoncent en douceur le dénouement. Les acteurs principaux brillent quant à eux par leur retenue : Michel Piccoli (une voix, une présence), Romy Schneider (une beauté, une sensibilité à fleur de peau). Bref, il n’y a rien de trop dans ce film. Juste ce qu’il faut pour laisser sourdre une émotion pure, une grâce douloureuse et un spleen que l’on garde longtemps en soi après le film…
Prix Louis-Delluc 1969.
Musique : Philippe Sarde (sa première composition pour le cinéma, très belle).
À noter la présence dans le casting du chanteur Bobby Lapointe (dans le rôle du camionneur à l’origine de l’accident). À noter aussi qu’un remake des Choses de la vie, intitulé Intersection, a été réalisé en 1993 par Mark Rydell, avec Richard Gere et Sharon Stone.
Frédéric Viaux (film vu le 09/12/1995, revu le 05/05/2014)