Un simple accident
Yek tasadef sadeh
Fiche technique
Mon avis
Porté par une inspiration moins métaphorique, plus “frontale”, que dans ses précédentes réalisations, Jafar Panahi brode ici sur un canevas assez classique, dont le motif central rappelle ceux de La Jeune Fille et la Mort, de Roman Polanski, ou des Fantômes, de Jonathan Millet : un personnage, victime de tortures passées, pense avoir retrouvé son bourreau, entend se venger mais hésite faute de certitude sur l’identité de la personne. Le réalisateur, qui a tourné une nouvelle fois clandestinement, utilise ce motif et ses développements corolaires (traumas, justice personnelle, dilemme moral autour de l’inversion du rapport entre bourreau et victime) pour évoquer les horreurs du régime iranien et ses répercussions sur la population. Il donne à son sujet une tonalité étonnante – entre gravité douloureuse, rageuse, et traits d’humour ironiques ou absurdes – et conduit son récit comme il aime souvent le faire : à bord d’un véhicule (ici, un van). Il emprunte une voie qui mène au thriller, tout en prenant quelques chemins de traverse picaresques. Ce nouveau road-movie, circulaire dans son tracé, présente quelques redondances et séquences inégales, mais s’avère toujours intense et intelligent. Jusqu’à la scène finale, subtilement ouverte à interprétation.
Palme d’or au festival de Cannes 2025.
Frédéric Viaux (film vu le 15/08/2025)